MRC de Montcalm – Horizon 2033 : projet étudiant prophète de bonheur !

31 janvier 2024

MRC de Montcalm – Horizon 2033 : projet étudiant prophète de bonheur !

À l’automne 2021, dans la foulée de l’élaboration de la Stratégie nationale d’urbanisme et aménagement des territoires (SNUAT), qui a évolué ultérieurement pour devenir la Politique nationale de l’architecture et de l’aménagement du territoire, le ministère des Affaires municipales et de l’Habitation (MAMH) a invité les établissements d’enseignement supérieur du Québec à soumettre des projets étudiants illustrant des pratiques et des concepts inspirants pour l’aménagement de nos milieux de vie.

Pour répondre à l’invitation du gouvernement et à titre de travail final, tous les étudiants en deuxième année, au premier cycle en urbanisme à l’Université du Québec à Montréal (UQAM), ont participé à une charrette d’idéation. L’objectif était, à l’initiative de nos enseignants, de formuler des propositions d’amélioration pour le schéma d’aménagement et de développement (SAD) de la Municipalité régionale de comté (MRC) de Montcalm.

C’est dans ce contexte que notre équipe, Cadastre Exquis, a soumis sa candidature à l’Association des aménagistes régionaux du Québec (AARQ), avec son projet intitulé « Montcalm 2041 », pour finalement remporter le prix Relève en aménagement régional 2023 — volet baccalauréat.

Pourquoi la MRC de Montcalm ?

Si vous êtes un membre aguerri de l’AARQ ou si vous vous intéressez tout simplement à l’actualité régionale, vous connaissez certainement les raisons qui ont poussé notre corps professoral à faire exemple des enjeux territoriaux que vivaient les Montcalmois·e·s au moment du concours. Voici, du moins, les principaux éléments qui ont capté notre attention et inspiré nos propositions d’amélioration :

  • Gestion problématique des ressources hydriques;
  • Expansion urbaine rapide et incontrôlée;
  • Empiètement sur les terres agricoles;
  • Existence de villes-dortoirs ne proposant pas un cadre de vie complet;
  • Taux de navettage dépassant les 60 % vers la Communauté métropolitaine de Montréal;
  • Taux de décrochage scolaire élevé et taux de scolarité inférieur à la moyenne nationale, révélateurs d’une déstructuration des milieux de vie;

En outre, notre diagnostic a été enrichi et affiné grâce au répertoire des documents transmis dans le cadre d’une demande d’accès à l’information du MAMH. Nous avons ainsi pu observer les nombreuses interactions entre les recommandations ministérielles et les modifications apportées au SAD ; processus interrompu par l’assentiment de la Ministre Andrée Laforest, suscitant des interrogations profondes au sein de la communauté professionnelle et des médias.

Le projet

La consigne pour le projet était la suivante : proposer une nouvelle vision pour la MRC ainsi que trois modifications au schéma d’aménagement. Le travail final se déclinait en trois livrables :

  • Une affiche synthétisant les pistes d’action;
  • Une présentation orale avec support visuel;
  • Un texte d’une page résumant la vision et les propositions.

En se concentrant sur les orientations gouvernementales en aménagement du territoire (OGAT) et — à l’époque — la SNUAT, notre projet d’amélioration du schéma impliquait non seulement sa révision complète, mais un amalgame de recommandations… bigarrées certes, mais non moins pertinentes !

Voici donc le texte résumant le projet :

VISION

En 2033, la MRC de Montcalm offre à ses citoyens un milieu de vie champêtre et respectueux de l’environnement. En collaborant étroitement avec la Communauté métropolitaine de Montréal, elle tire pleinement profit de la complémentarité de leurs territoires respectifs. La fréquence et la qualité des transports en commun en provenance et en direction de la CMM assurent maintenant une alternative durable au navettage en voiture et une desserte intermodale efficiente vers le train de l’Est et le REM. L’accessibilité et l’échelle humaine de Sainte-Julienne, chef-lieu de la MRC, en font son principal pôle résidentiel, institutionnel et commercial. La municipalité donne l’exemple en diversifiant les typologies d’habitation pour densifier son noyau urbain et offrir un éventail de services adaptés à la population vieillissante et aux jeunes familles. Grâce à une densification intelligente de son territoire, la MRC de Montcalm a su freiner l’urbanisation des terres agricoles et endiguer les problèmes de santé publique découlant des enjeux d’approvisionnement en eau, notamment à Saint-Lin–Laurentides. Grâce au savoir-faire des Montcalmois·e·s, Saint-Esprit se positionne fièrement comme carrefour agro-bio-alimentaire d’envergure nationale. La municipalité rurale emploie et forme une main-d’œuvre spécialisée et locale tout en promouvant les produits de son terroir.

  • INTERVENTION 1 : Gestion rigoureuse de l’urbanisation

Attendu que la population Saint-Linoise vit une situation d’urgence en matière de santé publique, une première mesure visant l’adoption d’un RCI est essentielle pour interrompre tout développement immobilier sur le territoire de Saint-Lin–Laurentides d’ici à ce que les problèmes d’approvisionnement en eau y soient réglés. Une seconde mesure vise à imposer un gel sur les limites des PU [ici périmètres d’urbanisation et de toutes les municipalités de la MRC] telles qu’elles étaient définies avant la révision du schéma. Une modification de cette magnitude requiert une révision de l’orientation 1 du SAD actuel. Ensuite, les municipalités de Saint-Lin–Laurentides et de Sainte-Julienne doivent intégrer un PPU à leurs plans d’urbanisme pour concentrer le développement dans leurs noyaux urbains. De plus, un réexamen à la hausse des calculs de densité est aussi nécessaire. Aussi, comme le souligne le MAMH dans ses échanges avec la MRC, la méthodologie devrait cette fois-ci préconiser la densité nette et les statistiques disponibles les plus récentes. Les seuils de densité devront s’harmoniser à ceux préconisés par le PMAD, et ce, dans une optique de conformité à l’OGAT 10. Finalement, certaines dispositions réglementaires relatives au raccordement aux services d’égout et d’aqueduc sont contradictoires. Ces dispositions doivent être abrogées.

  • INTERVENTION 2 : Remaniement des aires d’affectation et des usages autorisés

Plusieurs aires d’affectation doivent être retirées pour assurer un développement du territoire cohérent avec la vision et les OGAT : l’aire du campus industriel Montcalm, l’aire commerciale-récréative et l’aire résidentielle écoresponsable située en pleine forêt entre autres. En outre, les municipalités devront adopter un PAE et un règlement de lotissement pour les aires de villégiature afin d’assurer la pérennité des écosystèmes et restreindre leur étalement en zone forestière et agricole. Enfin, l’ajout d’une aire industrielle particulière servira à jeter les bases du développement du carrefour agro-bio-alimentaire de Saint-Esprit.

  • INTERVENTION 3 Révision du concept d’organisation spatiale

Le repositionnement des pôles d’attraction de la MRC et la modification des aires d’affectation impliquent une réforme du concept d’organisation spatiale puisqu’il synthétise la vision et les objectifs de développement et d’aménagement du territoire réétudiés dans le présent mandat et ceux prescrits par le gouvernement dans l’OGAT 10.

 

Des recommandations ambitieuses, mais somme toute réalistes

Depuis la formulation de ces recommandations, un vent de changement des plus positifs souffle sur la scène municipale, portant une nouvelle génération de maires au pouvoir. Saint-Lin–Laurentides n’y fait pas exception et c’est pour le mieux.

Il faut souligner que de nombreuses actions suggérées, à peine voilées, visaient à redresser la situation du cancre de la MRC, aujourd’hui devenu premier de classe. Il est d’autant plus enthousiasmant de constater que bon nombre des mesures proposées se sont concrétisées les unes après les autres :

  • Le 15 décembre 2021, un RCI est adopté établissant un moratoire sur le développement immobilier à Saint-Lin–Laurentides;
  • Le 24 novembre 2022, une résolution est adoptée traduisant l’engagement de la MRC à procéder à une révision complète du schéma et au retrait des demandes d’exclusion de la zone agricole;
  • Le 29 septembre 2022, un autre RCI a été mis en place pour protéger les milieux naturels prioritaires en vue de l’établissement d’un réseau de connectivité écologique au sein de la MRC;
  • Le 12 juin 2023, la MRC de Montcalm a obtenu un financement de plus de 1,7 million de dollars du Fonds régions et ruralité pour la réalisation d’un projet de laboratoire innovant axé sur la réussite éducative;
  • Plus récemment, une annonce a été faite concernant la réalisation d’un PPU centre-ville à Saint-Lin–Laurentides. Pour plus de détails : s2l2025.com

Travail étudiant ou prophétie ? Chose certaine, la MRC de Montcalm fait aujourd’hui plutôt bonne figure dans le portrait régional québécois. Il y a d’ailleurs fort à parier que certaines des mesures plus ciblées mises de l’avant sont également au programme à l’heure actuelle, en vue de la révision du schéma d’aménagement.

Or, si les propositions d’amélioration bondissent souvent d’une échelle à l’autre et nécessitent parfois une coordination complexe avec des instances suprarégionales, notamment au niveau de la collaboration avec la CMM, force est de constater que l’esprit dans lequel elles ont été formulées est en grande partie cohérent avec l’évolution actuelle du territoire de la MRC.

L’Ordre des urbanistes du Québec a d’ailleurs publié cette année, dans l’édition hivernale de la revue Urbanité, un billet fort intéressant mettant en avant les progrès considérables réalisés par Saint-Lin–Laurentides et la MRC de Montcalm depuis les épisodes de stress hydrique liés au tarissement de ses aquifères.

En terminant, l’expérience que nous avons vécue lors de cette charrette d’aménagement et lors de la soumission du projet à l’AARQ a été des plus formatrices. N’étant pas familiers avec l’échelle de planification régionale et n’ayant jamais mené de projets, même fictifs, de cette envergure, nous avons pu constater, grâce au cas de la MRC de Montcalm, l’importance de l’engagement des divers paliers de gouvernance dans la réussite de l’aménagement du territoire. De plus, être lauréat.e.s du tout premier prix Relève en aménagement régional est une reconnaissance inespérée pour de jeunes professionnel·le·s qui gagnent confiance en leur capacité à façonner le Québec de demain.

C’est pourquoi nous aimerions exprimer notre gratitude envers les personnes et les organismes qui ont contribué à la réalisation de ce projet et à la concrétisation de nos idées. Nous remercions chaleureusement :

  • Le MAMH pour avoir initié cette opportunité ;
  • La direction du programme du baccalauréat en urbanisme de l’UQAM et au Département d’études urbaines et touristiques pour avoir répondu à l’appel du MAMH et fait de cette charrette d’aménagement une réussite ;
  • Nos enseignants qui ont partagé leurs connaissances et leur expertise, et qui ont guidé nos équipes tout au long de ce parcours ;
  • L’AARQ pour avoir reconnu la valeur de notre travail et pour son soutien envers la relève en aménagement ;
  • Enfin, nous tenons à rendre hommage à notre enseignant et ami, François St-Germain, qui nous a quitté tout récemment laissant un vide immense dans nos cœurs. Ce projet n’aurait jamais vu le jour sans son précieux accompagnement, sa bienveillance immense et son enthousiasme contagieux. Bon voyage François !

Équipe Cadastre Exquis, composée de :

  • Jessica Bond-Bellavance
  • Simon Camirand-Contant
  • Simone Canuel-Gagné
  • Anthony Pharand-Chabot
  • Charlotte Rouleau-Lajoie

 

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